Quand : vendredi 26 avril à 18h30
Où : à la librairie
Rencontre avec Matthieu Amiech, co-auteur de La liberté dans le coma, du groupe Marcuse (Éditions La Lenteur).
Présentation par l’éditeur :
Ces dernières années, l’inquiétude grandit devant la prolifération des fichiers, la saisie des « données personnelles » par les sites internet, le contrôle accru des salariés par les Technologies de l’Information et de la Communication. On entend souvent dire que la vie privée et les libertés fondamentales sont mises en danger. Ce qui est paradoxal puisque dans le même temps, internet et les technologies numériques sont presque toujours et partout présentées comme libératrices.
Notre livre, La Liberté dans le coma, s’attarde sur ce paradoxe. Nous défendons l’idée que l’enregistrement de tous nos faits et gestes par des dispositifs électroniques, n’est pas une dérive hasardeuse, le « mauvais côté » de technologies en elles-mêmes porteuses de liberté. Partant des problématiques de fichage et de répression, nous en arrivons à une critique de la civilisation informatique et de la conception de la liberté qui y règne : une pure et simple abolition des limites de la condition humaine.
Le premier chapitre, « Bureaucratie et informatique : le pacte du siècle » retrace l’envahissement de la société moderne par les ordinateurs. Le deuxième, « La liberté, pourquoi faire ? », se demande en quoi précisément la biométrie, les puces RFID et le recueil permanent de « données » sur notre vie attentent à notre liberté. Le troisième (« L’insoumission possible ») s’intéresse aux luttes en cours contre la numérisation du monde (à l’école, dans l’élevage, dans le travail social, etc.). Nous y appelons à une désobéissance civile de grande ampleur, au travail et dans les relations avec l’administration, car nous ne voyons pas comment on peut encore remettre cette société en cause sans s’en prendre à l’emprise numérique sur nos existences.
Extrait (chapitre 2) :
« Le fichage et la surveillance sont le corollaire logique d’une organisation de l’existence qui a privé les foyers et les communautés de base de toute prérogative directe sur leurs moyens de subsistance. Nous savons que les grandes organisations qui pourvoient à nos besoins prospèrent sur le mensonge, l’expropriation, le saccage et souvent le crime. Mais nous leur devons notre vie ici-bas. Ce qui rend les concepts politiques élémentaires du xixe siècle, « liberté de conscience », « résistance à l’oppression », « protection de la vie privée et respect du domicile », obsolètes, ce ne sont pas simplement les innombrables dossiers dont ces organisations disposent sur nous. C’est le gigantisme industriel lui-même, tel qu’il s’est déployé au cours des deux siècles écoulés précisément à l’ombre des libertés « bourgeoises ». Dans un monde où les individus délèguent systématiquement leurs affaires à des administrations, les libertés politiques peuvent bien être garanties, mais la liberté pratique – l’exercice de choix réels sur la manière de conduire sa vie au milieu des autres et au contact de la nature – cette liberté est étouffée à la racine. »
Le groupe Marcuse est un groupe d’études qui s’est constitué lors de la vague d’actions contre l’affichage publicitaire en 2003. Son but était de publier un texte sur les ravages de la publicité, à l’appui de l’agitation qui la prenait pour cible à ce moment. Ce texte s’intitula De la misère humaine en milieu publicitaire, publié aux éditions La Découverte en 2004 et réédité avec une postface en 2010.
Les personnes qui ont participé à ce deuxième ouvrage sont impliquées depuis plusieurs années dans des luttes contre l’envahissement de la société des humains par les nouvelles technologies.