Des romans, des récits, des essais… Variés, passionnants et étonnants chacun à leur manière, pour vous donner des idées de lecture !
LITTÉRATURE
L’Avantage de Thomas André, éditions Tristram, 17€
Chronique d’un été, d’un tournoi de tennis et d’un passage à vide, le premier roman de Thomas André sonde l’esprit et le corps d’un jeune homme qui ne semble vivre que raquette en main face à un adversaire. Atmosphères troubles, ambiguïtés, flottements, sont restituées avec beaucoup de justesse. Digne des grands américains (Carver, Hemingway) dans cette façon de taper juste à chaque description (un sacré toucher de balle, osera-t-on…) mais aussi pour cette aptitude subtile à nous faire sentir les errances d’un jeune garçon à la fois doué et absent à lui-même. Bertrand
Nom de noms de Gilles Verdet, éd. L’arbre vengeur, 13€
Gilles Verdet continue avec Nom de noms à explorer la vie des gens qui, d’ordinaire, restent dans l’ombre, comme Jean-Pierre Martinet, partis de rien et arrivés nulle part… La brochette de personnages ci-présentée a en commun un nom à coucher dehors : Rien, Personne, Lediable, etc. Leurs destins vont se trouver emmêlés dans sombre histoire de chantage partie de… pas grand-chose. Avec humour et en observateur attentif et bienveillant, Gilles Verdet dépeint les blessures de la vie qui parfois nous pèsent depuis la naissance. Jérôme
André-la-poisse, Andreï Siniavski, Editions du typhon, 15€
Le jeune André est bègue, et quand une fée vient se pencher sur son mal, la guérison n’est pas gratuite : il sera, en contrepartie, porteur de malchance ! Les mésaventures vont s’enchainer pour le héros, coupable malgré lui du malheur des autres. Ecrit en 1980 par le dissident russe Andreï Siniavski, ce conte à l’humour noir est un bijou de finesse aux accents kafkaïens. Derrière une trame cocasse et fantastique, il offre un regard sur le sort de l’écrivain, la puissance des systèmes et la liberté. La préface signée par son fils l’écrivain Iegor Gran est complétée par une série d’entretiens éclairants menés par les éditeurs et à retrouver en ligne. On vous recommandera aussi chaudement la lecture du passionnant Les services compétents (éditions POL, paru en janvier 2020) de Iegor Gran qui y raconte avec humour (oui c’est possible !) la traque de son père par les services du KGB. Aline
L’année du singe, Patti Smith, Gallimard, 18€
Patti Smith vient de fêter ses 70 printemps. Comme dans son livre M Train, le lecteur navigue dans un récit entre rêve et réalité entre la côte ouest américaine et le domicile new-yorkais de la chanteuse. Hymne à la musique, l’amitié, la littérature. Méditation sur l’absence et la fuite du temps. La grande dame du rock convoque le merveilleux de l’enfance et s’attache aux signes qui jalonnent une vie. Très beau. Bertrand
L’inconnu de la poste, Florence Aubenas, éditions de L’Olivier, 19€
La journaliste Florence Aubenas retrace presque 10 ans d’enquête après l’assassinat en 2008 d’une jeune femme dans le bureau de poste d’un village de montagne. Au-delà du fait-divers, elle nous propose sans voyeurisme le portrait multiple d’un territoire et de ses habitants – en particulier de Gérald Thomassin, acteur de cinéma au parcours chaotique, désigné un temps comme le principal suspect, porté disparu depuis 2019. Ancienne chroniqueuse judiciaire et grande connaisseuse de la justice française, l’auteure revient avec précision sur les nombreux rebondissements de cette affaire jamais élucidée. Aline
Normal people, Sally Rooney, éditions de L’Olivier, 22€
Une romance contemporaine dans l’intimité d’un couple d’adolescents irlandais, du lycée à leurs années d’études à Dublin. La justesse des dialogues et la mécanique rapide du roman découpé en courts chapitres (on comprend qu’il ait été adapté en série !) en font un livre à dévorer d’une traite ! Aline
Les gouvernantes, Anne Serre, éditions Champ Vallon, 15€
« Ce sont « les gouvernantes » . Elles sont trois, dans une grande maison au fond d’un parc, comme des reines, protégées du monde extérieur par des grilles d’or. Tour à tour follement gaies, tendres ou cruelles, mais toujours ardentes et puissamment vivantes, elles s’allient, se séparent, se déchirent ou se poursuivent dans d’étranges jeux qui sont ceux de la vie. Observées par l’oeil implacable d’une lunette qui ne les perd pas de vue, « les gouvernantes » jouent pour nous le charme et la magie d’un songe de nuit d’été… » (éditions Champ Vallon)
La fracture, Nina Allan, 10/18, 8,80€
« Le 16 juillet 1994 dans la région de Manchester, Julie Rouane, dix-sept ans, prétexte un rendez-vous avec une copine pour s’absenter du domicile familial… et disparaît pendant plus de vingt ans. Longtemps après l’abandon de l’enquête par la police, son père, Raymond Rouane, continue à explorer seul toutes les pistes possibles. En vain. La mère de Julie et sa soeur cadette, Selena, tentent elles aussi de faire front, chacune à sa manière. Puis un soir, 20 ans après, une femme qui prétend être Julie contacte Selena. Alors qu’on avait soupçonné que l’adolescente ait pu être enlevée et assassinée – un homme de la région ayant avoué plusieurs meurtres de femmes -, l’histoire que Julie raconte à sa soeur est tout à fait différente, extravagante, impossible… » (éditions 10/18)
POLAR
Les chiens de Pasvik, Olivier Truc, éditions Métailié, 21€
« La frontière ? Une invention d’humains.
Des rennes norvégiens passent côté russe. C’est l’incident diplomatique. Police des rennes, gardes-frontières du FSB, le grand jeu. Qui dérape. Alors surgissent les chiens de Pasvik. Mafieux russes, petits trafiquants, douaniers suspects, éleveurs sami nostalgiques, politiciens sans scrupules, adolescentes insupportables et chiens perdus se croisent dans cette quatrième enquête de la police des rennes. Elle marque les retrouvailles – mouvementées – de Klemet et Nina aux confins de la Laponie, là où l’odeur des pâturages perdus donne le vertige.
Olivier Truc nous raconte le pays sami avec un talent irrésistible. Il sait nous séduire avec ses personnages complexes et sympathiques. Et, comme dans Le Dernier Lapon et La Montagne rouge, il nous emmène à travers des paysages somptueusement glacés. » (éditions Métailié)
Quarantaine, Peter May, éditions du Rouergue, 22€
« Alors qu’une épidémie sans merci a séparé la capitale britannique du reste du monde, alors que le Premier ministre lui-même vient de mourir, un ouvrier découvre sur le chantier ce qu’il reste du corps d’un enfant. MacNeil, l’homme qui a décidé de quitter la police, est envoyé sur les lieux. C’est lui, le policier désabusé, qui va devoir remonter la piste d’une machination abominable, dans une ville en butte aux pillages où les soldats en patrouille font la loi. Et alors qu’il apprend que son fils unique, Sean, est contaminé à son tour, n’ayant qu’une chance infime d’en réchapper. » (Le Rouergue)
PHILOSOPHIE
L’empire du non-sens ; l’art et la société technicienne, Jacques Ellul, éditions L’échappée, 20€
« Dans notre monde envahi par les technologies et leur recherche frénétique de l’efficacité, l’art pourrait apparaître comme une oasis vouée à la contemplation et à la méditation. Il n’en est pourtant rien. L’art de notre temps emprunte à l’industrie ses objets et ses matériaux, peuple ses expositions d’écrans, et rêve de cyborgs et de réseaux.
Dans ce livre prophétique, le grand penseur de la technique Jacques Ellul montre comment plasticiens, écrivains et musiciens ont succombé aux forces qui écrasent le monde. Certains, subjugués dès le début du xxe siècle par la technoscience, adoptent ses outils et ses procédures, se condamnant ainsi à la froideur, à l’absurdité ou à l’abstraction. D’autres – ou parfois les mêmes -, se voulant contestataires, accumulent les représentations du désastre ou les signes de la subversion, sans jamais pour autant saisir la racine du mal : le règne de la Technique.
Pour masquer sa vacuité, l’art contemporain se pare d’un discours théorique sophistiqué et intimidant. Passant outre, Ellul incite les artistes à s’émanciper de leur fascination pour la technologie, afin de renouer avec la faculté, propre à tout créateur authentique, d’allier le sens au sensible. » (éditions L’échappée)
Je fus ; essai sur la liberté, Bernard Charbonneau, éditions R&N, 22€
« Je fus, que son ami Jacques Ellul tenait « pour un des seuls livres fondamentaux sur la liberté », est l’œuvre de philosophie existentielle majeure de Bernard Charbonneau. Cet Essai sur la liberté, véritable odyssée intellectuelle et sensible d’une liberté incarnée, à laquelle Bernard Charbonneau donne corps, sang, chair, esprit et style d’une manière incomparable, s’articule autour de l’autre concept central de sa pensée : la nature. Imprégné des intuitions de ceux qui l’ont accompagné dans sa quête (Montaigne, Pascal, Kierkegaard, Nietzsche), Charbonneau explore le concept de liberté sous toutes ses formes ; la sienne est forcément tragique (« le plus dur des devoirs »), qu’il oppose au « mensonge de la liberté » et à tous ses avatars idéologiques, technoscientifiques ou consuméristes. un livre indispensable pour quiconque cherche à être vraiment libre, c’est-à-dire à interroger les conditions de possibilité de sa propre liberté – et surtout à la vivre, ici et maintenant. » (éditions R&N)
CURIOSITÉS
À découvrir, à lire et/ou à offrir !
Les livres de la petite maison d’édition Les Venterniers sont à retrouver à la librairie. De beaux ouvrages de poésie faits à la main, pleins de délicatesse, d’humour et de fantaisie.
(photos éditions Les Venterniers)