Et frappe le père à mort, John Wain, éditions du Typhon (Prix Mémorable 2019)

Jazz, rébellion et amitiés dans l’Angleterre des années 1940/50

Un livre sorti en Angleterre dans les années 1960 et publié par les jeunes éditions du Typhon qui se sont donné pour mission (entre autres) de remettre en lumière le mouvement littéraire des « Angry Young Men » (Jeunes hommes en colère). Et frappe le père à mort est en effet un livre qui fait entendre la colère et l’aspiration à la liberté d’un jeune Anglais qui s’échappe de son école privée pour vivre pleinement sa passion du jazz dans des clubs londoniens. Roman polyphonique à l’écriture précise et rythmée, il a remporté le dernier Prix Mémorable du groupement des Librairies initiales dont nous faisons partie.

Résumé par l’éditeur :

Après une énième dispute avec son père – un universitaire à la vie austère, Jeremy fugue et arpente un Londres ravagé par les bombardements nazis. Seul et fauché, révolté contre un monde qu’il juge étriqué, il survit grâce à sa passion pour la musique. Vissé à son piano dans un bar enfumé, Jeremy réchauffe les nuits glacées des êtres brisés tout en rêvant de devenir un grand pianiste. Un soir, il fait la connaissance de Percy, un jazzman noir américain. Un rencontre qui bouleverse son existence… mais cette existence sera-t-elle comprise par son père pétri de certitude ? Mené sur un rythme trépidant qui épouse la sensualité du jazz, ce roman interroge les tensions générationnelles avec un regard perçant et serein. Si chaque génération semble toujours perdue aux yeux de la précédente, une trêve est possible quand les pères et les fils reconnaissent qu’ils portent en eux un peu de la souffrance de l’autre.

Le fort, Yves Letort, éd. L’Arbre vengeur (2019)

Un texte magnifique à l’atmosphère étrange… Yves Letort nous emmène dans un ailleurs indistinct où le silence d’un homme seul parti sur les traces d’un disparu se mêle au grondement du fleuve et de la nature tout entière. On pense à Julien Gracq et à Jean Giono à la lecture de ce roman publié par les éditions néo-aquitaines L’arbre vengeur dont nous apprécions particulièrement le travail !

Résumé par l’éditeur :

« Quernand est un officier singulier qui accepte volontiers la mission qu’on lui confie d’aller inspecter un fort aux marches du pays, dans un territoire pris à l’ennemi voisin une décennie plus tôt. Avant lui l’a précédé un autre officier dont on a perdu toute trace. Parti sur les traces de son prédécesseur évaporé, le jeune homme découvre une région d’une grande pauvreté où les quelques soldats présents sont plus des figurants que des militaires, où la vie au bord d’un large fleuve se fait lente et passive au point que lui-même renonce à toute contrainte, envahi par le spleen. »

Comment j’ai rencontré les poissons, Ota Pavel

LE livre à lire en temps de confinement ? Un homme se souvient de son père, homme fantasque, vendeur génial (il est représentant commercial pour Electrolux, champion de vente d’aspirateurs !), pêcheur passionné, père de famille enthousiaste… Les anecdotes se succèdent, les années aussi, les personnages traversent l’histoire tragique de l’Europe centrale au XXe siècle, mais le livre reste lumineux, sans mièvrerie aucune, et nous offre une ode à la nature, la tendresse, la vie.

Un texte largement autobiographique devenu un classique en République tchèque, récemment découvert en France grâce au remarquable travail d’une petite maison d’édition, les éditions do.

Il a reçu, lors de sa parution en 2017, le Prix mémorable du groupement des Librairies Initiales dont nous faisons partie.

 

La neige sous la neige, Arno Saar, éd. La fosse aux ours

« MARKO KURISMAA, ancien champion de ski de fond, est le meilleur flic de la brigade criminelle de Tallinn en Estonie. Seules ombres au tableau (d’avancement ?), il souffre de narcolepsie et il était le fils d’un opposant au régime soviétique de l’époque. Comme tout le monde à Tallinn, Kurismaa sait que le quartier de la vieille caserne de Kopli est un no man’s land. Les trafiquants de drogue, les squatters et les criminels de toutes sortes en ont fait leur royaume. C’est un triste endroit pour vivre et un endroit encore plus moche pour y mourir. C’est pourtant là que le corps d’une jeune femme est retrouvé sur un vieux canapé abandonné dans la rue et la neige l’a complètement enseveli.
Le commissaire Marko Kurismaa aime pourtant la neige, celle qui craque sous ses skis de fond, pas celle qui recouvre le corps nu d’une jeune femme.
Alors que la neige du glacial hiver estonien continue de tomber inexorablement, Kurismaa, qui partage l’enquête avec l’inspectrice Kristina Lupp (et pas seulement l’enquête), commence sa chasse à l’homme.
La piste qui mène au meurtrier ou à ceux qui meurent disparaît chaque fois qu’ils se rapprochent trop de la vérité, jusqu’à ce que Marko comprenne que la neige loin d’être une adversaire peut se révéler une alliée inattendue. »

La neige sous la neige, Arno Saar, La fosse aux ours
Paru le 5 mars 2020
Policier & Thriller

Paria, Richard Krawiec, éd. Tusitala

Un très bon polar dans la veine des meilleurs romans sociaux américains. Une peinture glaçante des Etats-Unis des années 1960 où l’on ne sait plus qui est le paria de qui – les Noirs ? Les femmes ? Les Polonais ? Les ados laissés à eux-mêmes ? L’écriture est subtile, l’intrigue captivante : on a beaucoup aimé !

Résumé par l’éditeur :

Maire d’une petite ville éclaboussé par un scandale, Stewart Rome se rappelle le sordide fait divers qui a bouleversé sa vie alors qu’il n’était encore que le jeune Stewie, timide et empoté. En 1967, on retrouvait Masha, la fille dont il était fou amoureux, sauvagement assassinée dans le sous-sol de son lycée. Un adolescent noir était rapidement arrêté. Était-il coupable ? De quoi se souvient réellement Stewart, narrateur trouble et manipulateur ? Paria parle de l’adolescence, de ses émotions incandescentes et des choix draconiens qu’elle implique. Loin du flower power et des luttes sociales que l’on associe ordinairement aux années 1960, c’est une autre Amérique qui se dévoile : celle de la famille ouvrière, du racisme, de l’addiction, qui punit les femmes tentées de s’émanciper. Une société minée par la peur, qui se nourrit de ses parias pour tâcher de survivre.

Les vies de Maria, Hanna Krall, éd. Noir sur Blanc

Hanna Krall, qui a travaillé comme scénariste avec Krzysztof Kieslowski, revient sur les traces d’une petite fille juive polonaise pendant la guerre. Cette histoire (qui est la sienne) a inspiré un des films du réalisateur. Dans un style épuré, et pourtant si sensible, elle mène l’enquête, croise les témoignages, tire plusieurs fils et dans son récit n’élude ni les impasses ni les accents parfois ironiques du destin. Un texte labyrinthique captivant, à la frontière entre le journalisme, le témoignage et la littérature expérimentale.

Un texte hors normes sur la Deuxième guerre mondiale et la Pologne d’après-guerre

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Croire aux fauves, Nastassja Martin, éd. Verticales

Un récit très fort, des confins du Kamchatka aux salles d’opération de la Pitié Salpêtrière, qui interroge notre rapport à la nature et à la modernité.

Croire aux fauves, Nastassja Martin, éditions Verticales, 12.50€

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