de Stephen Benatar
aux éditions du Tripode
22€
Rachel Waring est une femme étonnante, qui semble prendre vie le jour où elle hérite d’un hôtel particulier à Bristol. Dès cet instant, tout change : bye bye Londres, le travail d’employée de bureau, et sa colocataire qui commençait de toute façon à lui taper sur les nerfs. Rachel Waring quitte tout, pour aller éclore dans cette nouvelle maison, c’est désormais une vie consacrée à ses idéaux qui commence : Rachel se met à écrire, s’offre un jardinier et de belles robes, restaure sa maison, s’intéresse à l’art, découvre l’amour, chantonne en permanence, c’est le bonheur pur et l’insouciance qui émanent de chacun de ses pores. A tel point qu’autour d’elle, on finit par s’inquiéter.
Excentrique, dérangeant, empreint de folie douce, il s’agit-là d’un roman qui vous laisse un petit quelque-chose au fond de la bouche, de la gorge, car on se dit qu’il y a peut-être un peu bout de Rachel Waring en chacun de nous. Car après tout, qui n’a jamais rêvé sa propre vie ?

Fascinant ! Dans Le Royaume, Emmanuel Carrère interroge son rapport (notre rapport) au christianisme et part sur la trace des premières communautés chrétiennes, de Saint Luc et Saint Paul. Foisonnant, érudit, ce n’est pas vraiment un roman, pas un livre d’Histoire non plus, mais le récit d’une aventure humaine un peu folle qui a commencé il y a près de 2000 ans et qui a transformé notre monde, pour le meilleur et pour le pire. Le Royaume est un livre qui passionne tellement, qu’on lui pardonne ses défauts : des longueurs, quelques répétitions, un égocentrisme débordant… qui ne gâchent en rien le plaisir de lecture, tant l’impression d’ensemble est éblouissante… Au final, Le Royaume est un livre qui marque et qui trouble le lecteur, qu’il soit ou non croyant.

Le bonheur national brut,
de François Roux
Albin Michel – 22,90€
L’itinéraire de quatre amis d’enfance, Paul, Rodolphe, Benoît et Tanguy, de mai 81 (ils passent leur bac) à mai 2012 (de l’eau a coulé sous les ponts). A travers leurs parcours personnels, intimes et politiques, François Roux trace le portrait d’une génération, des Grandes espérances aux Illusions perdues. Les personnages sont très attachants, le livre est bien écrit et nous happe très vite. Un excellent roman populaire, qui ravira les lecteurs les moins aguerris comme les plus exigeants.

de Marine Carteron
Éditions du Rouergue
14€
Un des meilleurs romans d’aventures lu depuis longtemps !
Auguste, 14 ans, et Césarine, 7 ans et atteinte du syndrome d’Asperger, apprennent la mort de leur père, et se retrouvent à déménager avec leur mère à la campagne. Habitué à Paris, ses musées et les bouquinistes des bords de la Seine, le choc est un peu rude pour Auguste, qui découvre son nouveau collège rural avec une certaine stupeur. Césarine, pragmatique à souhait, obnubilée par les maths et la logique, continue à utiliser des Monsieur-Madame pour apprendre à comprendre les sentiments des gens sans être vraiment perturbée par le changement. Jusqu’au jour où les enfants comprennent que la mort de leur père n’était pas accidentelle, et qu’ils sont les descendants de la Confrérie, qui a pour mission de protéger les livres et le savoir…
Un suspense pas croyable, de l’humour, des personnages extrêmement attachants, une intrigue qui nous pousse à lire jusque tard le soir en cachette.
A partir de 12 ans.
de Paul Colize
Folio Policier
8,40€
2012, Bruxelles. Depuis vingt ans, Stanislas Kervyn mène son enquête sur l’attentat qui a provoqué la mort de son père. Invité à une émission littéraire pour présenter le livre qu’il a écrit sur ce sujet, il reçoit par la suite un coup de téléphone qui va orienter ses recherches vers une direction totalement inattendue et l’amener à se replonger dans le passé de sa famille.
1948, New York. Nathan Katz, jeune juif rescapé des camps, est recruté par « Le Chat », une organisation clandestine chargée de traquer d’anciens nazis et de les exécuter.
Tous les ingrédients d’un bon polar sont là : personnages ambigus, contexte historique, écriture sèche et percutante … et construction haletante.
Car comme dans l’excellent Back up, son précédent roman qui nous plongeait dans le rock des 60’s, Paul Colize entremêle deux époques, deux destins qui se croisent et se répondent à chaque chapitre, maintenant la tension jusqu’aux dernières lignes qui achèvent définitivement les nerfs meurtris du lecteur.

d’Elif Shafak
éditions 10/18
9,10€
Esma, jeune immigrée kurde qui vit à Londres, tente de comprendre pourquoi son frère Iskender a assassiné leur mère, Pembe, des années auparavant. A travers ses interrogations, l’histoire familiale se retrace, les différents membres de la famille s’esquissent, et tels les empiècements d’un puzzle contribuent petit à petit à former le lourd destin qui la lie à ses ancêtres des rives de l’Euphrate à l’Angleterre, où le poids des traditions va rattraper des femmes qui ont cru à la liberté et à l’amour.
Comme d’habitude, Elif Shafak nous livre une très belle histoire, qui ruisselle de féminité, cette féminité que les coutumes tentent toujours d’écraser, de brimer, de ternir, mais qui, toujours célébrée chez cette romancière engagée, transforme les femmes du quotidien en éternelles héroïnes.
Prix Relay des voyageurs 2013.

de Craig Johnson,
aux éditions Gallmeister,
23,40€.
Alors que l’hiver s’installe dans le comté le moins peuplé de l’État le moins peuplé des États-Unis, Walt Longmire, son shérif, se voit confier une curieuse mission : celle de mettre la main sur le propriétaire d’un pouce abandonné à la décharge. L’enquête devient rapidement haute en couleur, car Walt se trouve face à deux molosses qui gardent le terrain, à son vieux propriétaire loufoque et à un promoteur immobilier multimillionnaire qui cherche à prendre possession des lieux pour étendre son vaste ensemble de ranchs luxueux. Sans parler d’un jeune couple fleurant bon la marijuana, de la vieille institutrice au charme incontesté, du perroquet dépressif et déplumé et de quelques cadavres qui bientôt viennent compliquer cette affaire. On retrouve dans Molosses le style enlevé de Craig Johnson et l’humour désopilant de son shérif au service d’un nouveau polar parfaitement abouti.