Mississippi, Sophie G. Lucas, éditions La Contre allée.
Premier roman très beau et fort de la poétesse Sophie G. Lucas. Une langue moderne à la syntaxe syncopée, un jeu sur les styles et une construction complexe où l’on a plaisir à se perdre parfois comme dans les méandres d’un fleuve qui nous traverse. Et nous traversons les décennies et les générations d’une famille pour y entendre le récit de vies ordinaires, de femmes aux luttes communes, de destins inconsciemment marqués par l’expérience d’un aïeul, premier personnage du roman, au XiXe siècle, qui fut un jour captivé par le mouvement du fleuve Mississippi.
Déserter, Mathias Enard, Actes sud
Un des plus beaux romans de la rentrée ! D’une écriture magnifique, elliptique, jouant avec les registres, Mathias Enard retrace deux destins parallèles marqués par l’amour, la guerre et la brutalité, la fidélité aux idéaux politiques et l’univers des mathématiques.
La méfiance du gibier, Stéphane Guyon, L’Arbre vengeur
Dans la peau d’un jeune vigile sous la pyramide du Louvre. Un texte très habile, drôle parfois, plein d’une rage contenue, qui donne voix aux invisibles du tourisme culturel de masse et célèbre le pouvoir salvateur de la littérature et de l’amour face à la vacuité.
Inventaire de choses perdues, Judith Schalansky, éditions Ypsilon
Un livre hors du commun, à découvrir ! Une tentative poétique, aux accents encyclopédiques, de tirer de l’oubli des êtres, des lieux, des images disparus ou fantasmés. Ce livre est comme un coffre à trésors, comme une bibliothèque retrouvée.
N’ajouter rien, Fabrice Chillet, éditions Bouclard
Peuplé de personnages fantomatiques et littéraires, ce petit roman/enquête nous embarque à la poursuite d’un auteur disparu et de la fascination qu’il exerça. Modianesque à souhait !
La mémoire délavée, Nathacha Appanah, Mercure de France
La romancière Nathacha Appanah (dont on vous conseille aussi les romans!) livre un récit touchant et délicat sur l’écriture et sur l’histoire de ses grands-parents mauriciens. Elle évoque à travers eux l’histoire de la migration indienne sur l’île au XIXe siècle et fait ressurgir du passé des moments d’intimité familiale d’une grande intensité.
Le vieil incendie, Elisa Shua Dusapin, éditions Zoé
Un huis-clos familial dont l’essentiel se trouve entre les mots ou dans les plis du temps. La relation de ces deux sœurs est portée par une écriture d’une grande justesse. Un roman flottant, étrange et beau.