de Véronique Ovaldé
Editions de l’Olivier
19,50 euros
Véronique Ovaldé, sa plume délicate et lumineuse, toujours flirtant avec une drôle de rudesse onirique, une réalité exaltée, semble avoir pris un nouvel envol, un très bel envol. On retrouve dans La Grâce des brigands ses thèmes chers, présents dans ses ouvrages précédents, tels les relations familiales et générationnelles, les rapports passé-présent, la féminité… Mais c’est vraiment l’essence cristallisée de ces éléments qu’elle a extrait pour en constituer ce roman, d’une ampleur inégalée. Avec toujours des personnages magnifiquement nommés, comme l’héroïne, Maria Cristina Väätonen, qui lorsqu’elle reçoit un appel de sa mère dont elle est sans nouvelles depuis des années, voit l’ordre qu’elle avait cru installer dans sa vie tout bouleversé, surtout lorsqu’elle apprend qu’elle doit retourner à la maison familiale pour ramener Peeleete, le fils de sa sœur, avec elle, et l’adopter. Nous sommes en juin 1989, Maria Cristina vit à Santa Monica. Cela fait vingt ans qu’elle a quitté Lapérouse et son univers archaïque pour la lumière de la ville et l’esprit libertaire de la Californie des années 70. Elle n’est plus la jeune fille contrainte de résister au silence taciturne d’un père, à la folie d’une mère et à la jalousie d’une sœur. Elle n’est plus non plus l’amante de Rafael Claramunt, un écrivain/mentor qu’elle voit de temps à autre et qui est toujours escorté par un homme au nom d’emprunt, Judy Garland. Encouragée par le succès de son premier roman, elle est déterminée à placer l’écriture au cœur de son existence, être une écrivaine et une femme libre. Quitte à composer avec la grâce des brigands.