Coups de coeur de la rentrée littéraire / septembre 2020

Une femme surgit dans un village de montagne à la recherche d’un homme disparu. De loin, Noële, herboriste solitaire, l’observe, la suit, s’immisce dans l’histoire de l’autre pour en modifier le cours. Dans un décor grandiose de montagne, Laurence Vilaine nous emmène sur les chemins escarpés du mensonge, des vies fantasmées et de l’amour. On s’y égare avec plaisir, portés par une écriture sobre et habitée.

La Géante, Laurence Vilaine, éditions Zulma, 192 pages, 17,50€

 

Pastiche de thèse littéraire, l’ouvrage de Tiphaine Le Gall glose autour d’un très célèbre roman paru en 2050 et qui a révolutionné le monde de l’art : L’œuvre absente, 200 pages… blanches. Un canular très réussi, sur un ton plus sérieux qu’Art de Yasmina Réza auquel on peut penser, qui brille par ses analyses tant sur cette œuvre fictive que sur la littérature classique française (d’excellents passages sur Flaubert en particulier). Avis aux amateurs de critique littéraire !

Une ombre qui marche, Tiphaine Le Gall, éd. L’arbre vengeur, 200 pages, 14€

 

Premier roman choc qui se lie en un souffle. Une famille irakienne où règne le code d’honneur. Les voix de chacun de ses membres s’unissent en un chœur tragique et majestueux. Un texte publié par Elyzad, maison d’édition tunisienne véritable défricheuse de talents. Gros coup de coeur !

Que sur toi se lamente le Tigre, Emilienne Malfatto, éditions Elyzad, 80 pages, 13,90€

 

 

Un récit envoûtant sur fond de catastrophe écologique. Ambiance trash, mélange des genres, droguefs et rock’n roll ; les amateurs de science-fiction apprécieront la superposition des plans temporels aussi maîtrisée que dans les livres de Christopher Priest ; si vous vous intéressez à l’Amérique centrale, il s’agit de la première traduction en français d’un livre d’une des icônes de la littérature caribéenne actuelle, musicienne par ailleurs. Bref, un texte foisonnant à découvrir !

Les tentacules, Rita Indiana, Editions Rue de L’échiquier, 192 pages, 17€

 

Une magnifique fresque historique à l’écriture exigeante qui nous plonge dans l’effervescence des cabinets d’architectes de Budapest à la Belle époque. A travers la trajectoire ascensionnelle d’un jeune apprenti, le roman peut aussi se lire comme une réflexion sur l’ambition, l’audace et le poids des empires avant leur effondrement.

Art nouveau, Paul Greveillac, Gallimard, 20€, 286 pages.

 

Vous pensez avoir mis les pieds dans un roman de science-fiction paranoïaque et absurde. Sauf qu’il s’agit d’une chronique… Avant et au cœur de la crise sanitaire qui nous occupe, Alexandre Labruffe, qui a séjourné plusieurs fois en Chine, nous embarque dans un récit éclaté, sorte de documentaire foldingue et intérieur d’une civilisation qui marche sur la tête. Inquiétant et cocasse !

Un hiver à Wuhan, Alexandre Labruffe, éditions Verticales, 112 pages, 12€